
Incendies en Gironde : faut-il vraiment accuser les écolos ?
Les réseaux sociaux sont en ébullition, accusant les écologistes d’être responsables des incendies dévastateurs en Gironde. Mais la réalité est-elle aussi simple ? Décryptage d’une situation complexe.
Les flammes ravagent les forêts de Gironde et les doigts pointent vers les écologistes. Selon certains internautes, ils auraient bloqué des aménagements essentiels à la protection des forêts. Mais est-ce vraiment le cas ? Plongeons-nous dans les méandres de cette affaire brûlante.
Une Forêt au Cœur d’une Bataille Juridique
La forêt de la Teste-de-Buch n’est pas une forêt ordinaire. C’est une forêt usagère, privée, mais également la seule en France régie par des textes médiévaux appelés « Baillettes et transactions ». Cette forêt appartient à une centaine de propriétaires, mais des « usagers » ont également des droits sur cette forêt, notamment le droit d’obtenir du bois gratuitement. Un conflit oppose propriétaires et usagers autour de l’interprétation de ces textes ancestraux.
Un Plan de Gestion Controversé
Il y a deux ans, un propriétaire a déposé un plan de gestion visant à appliquer le droit forestier classique et à commercialiser son bois. Ce plan a été contesté par l’Association de défense des droits d’usage et de la forêt usagère (Addufu), soutenue par certains élus. La sénatrice écologiste Monique de Marco était de la partie, mais elle n’était pas la seule. La députée En marche du bassin d’Arcachon et le maire LR de la Teste-de-Buch étaient également opposés à ce plan de gestion. Il ne s’agissait donc pas uniquement d’une opposition « d’écolos ».
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Un Rapport Gouvernemental et des Travaux de Défense Contre les Incendies
Le gouvernement a commandé un rapport pour clarifier le cadre juridique applicable aux propriétaires forestiers et aux bénéficiaires du droit d’usage. Ce rapport, remis en janvier dernier, reconnaissait le droit des usagers de la forêt mais appelait également à adapter ce système. Il préconisait notamment la réalisation de travaux de défense contre les incendies. Ces travaux, prévus début 2021, ont pris du retard en raison d’une nouvelle opposition de l’Addufu, qui a saisi le Tribunal administratif. La justice n’a pas donné raison à l’Addufu et la préfecture a donc décidé de lancer le chantier.
Le Feu s’Invite Avant les Travaux
Avant que les travaux ne commencent, le feu a ravagé la forêt. L’Addufu, qui avait appelé à manifester le 13 juillet, a précisé qu’elle s’était « toujours prononcée en faveur de la mise en sécurité de l’ensemble du massif par les moyens les plus appropriés et donc à l’abattage des arbres gênants, mais ne saurait laisser les Usagers se faire spolier de leur bien commun. » Le feu, malheureusement, n’a pas attendu la fin de cette querelle.